De la liberté de la presse en Jordanie

Publié le par Driss

Bien que la liberté de la presse soit consacrée dans la constitution, la Jordanie continue d’être considérée comme un État y portant continuellement atteinte. D’après l’ONG Freedom House, en 2016, la presse en Jordanie serait considérée comme «non libre». De manière générale, la grande majorité du secteur des médias serait contrôlée par le régime et la censure y est ordinaire. Ironiquement, un durcissement s’est opéré notamment par le biais d’amendements législatifs intervenus après la période du Printemps arabe. Le pouvoir législatif a progressivement prohibé la liberté d’expression sur de multiples sujets si bien que la parole des journalistes s’est vue de facto muselée. Le dessin de presse n’échappe hélas pas au phénomène. Les caricaturistes, au même titre que le reste de leurs collègues journalistes, sont soumis à la censure étatique ou civile. Tout d’abord, une disposition légale mentionne expressément que tous journalistes exprimant une opinion «incohérente» avec les valeurs arabo-musulmanes, le gouvernement ou encore la famille royale peut être condamné au paiement d’une amende pouvant s’élever à 40 000 dollars américains. Cette interdiction est en vigueur aussi bien dans la presse papier que sur sites internet. En plus des sujets susmentionnés, les amendements des lois anti-terroriste et anti-corruption ont étendu le champ des motifs d’incrimination des journalistes notamment en matière de traitement médiatique des questions de sécurité nationale. L’amendement le plus préoccupant reste celui de la loi contre la cybercriminalité. En effet, depuis son entrée en vigueur en juin 2015, les journalistes sont dorénavant passibles d’une peine d’emprisonnement pouvant aller jusqu’à trois ans. D’après le Centre jordanien pour la défense de la liberté des journalistes, au moins 7 journalistes ou activistes seraient détenus depuis la mise en place de la loi. De telles dispositions reviennent à interdire aux caricaturistes de produire et de diffuser des dessins de presse ayant trait au domaine politique ou religieux. Face à ce climat liberticide, la censure est hélas un phénomène tristement commun. Quand cela n’est pas le fait d’une intimidation directe de la part de l’Association jordanienne de la presse, ce sont les journalistes qui s’autocensurent par crainte des représailles. Outre la pression étatique dont ils peuvent faire l’objet, les caricaturistes prenant le parti de maintenir une ligne libre sont trop souvent victimes de menaces à leur intégrité physique par des membres de la société civile. Les dessins les plus polémiques sont souvent ceux ayant trait à des enjeux d’ordre religieux.

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